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impromptus littéraires - Page 5

  • loupigne

    Alain_Sechas.jpgBESTIAIRE IMPROMPTU


    Il y a un loup dans ma cuisine
    venu lécher mes casserolles
    où n'ont pas cuit profiterolles
    mais proliféré mes rapines

    Il y a un thon dans mon bassin
    pas pour échapper aux filets
    mais pour y laisser mariner
    ses formes rondes et boudins

    Il y a un ours dans mon placard
    mais n'y voyez pas de faconde
    s'il grogne et peste sur le monde
    c'est d'en exécrer le bazar

    Il y a des vers dans ma pommade
    non pas qu'elle soit périmée
    c'est que je préfère beurré
    mon chien durant sa promenade

    Il y a des ci, il y a des ça
    dont je fais tout mon tralala
    Il y a des ça, il y a des ci
    dans mon bestiaire, c'est ainsi


    Pour un Impromptu Littéraire - tiki #102
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

    Illustration :
    Alain Séchas

  • Sur la butte à Carco

    Passe au vent mollissant une rousse crinière

    Allure, qui te presse ?
    Urgente, l'aventure ?
    Quelque folle allégresse ?
    De plus obscurs desseins t'aspirant vers le vide ?
    Qui, pourquoi... ne retient un instant par la main
    ton unique pâleur couverte d'éphélides ?
    S'il en était besoin...

    La chaussure est là, seule et baille au caniveau

    Triste objet singulier
    Flasque peau de chagrin
    Gis-tu là, délaissée ?
    Affranchie d'une gémellité trop pesante
    as-tu pris ce parti de façon volontaire ?
    Pour changer de sujet ? de lacet ? de détente ?
    D'une, je n'ai que faire...

    Diffus un lampadaire éclaire le pavé

    Montres-tu le chemin ?
    Et lequel, après tout :
    à rebours ou destin ?
    À quoi joue le brouillard folâtrant à tes jupes ?
    À masquer l'embusquée sous son trouble manteau
    que je saigne mon sang à son contrat de dupes ?
    Que n'ai-je de stylo...

    Arrête, mon cerveau
    Taisez-vous mes pensées
    Laissez-moi promener sur la butte à Carco
    mon petit chien mauvais parmi les saligauds !

     

    carné volé

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#101

    (hommage à Francis Carco)

     

  • muletier

    Jonq-Muletier.jpgDepuis que me traîne mes mules
    par les chambres, les antichambres
    et tous les théâtres guerriers
    pas moyen de trouver la paix
    l'horreur fait toujours des émules

    La paix ? c'est une usine à gaz
    aux suavités lacrymogènes
    où l'éternité crie aux gènes
    de lui garder des métastases

    Il en sort des suées nocturnes
    (la stupéfaction des dortoirs
     quand ça hurle au bout du couloir
     chez le surveillant Casse-Burnes !)

    Ça laisse des paquets de linge
    érigés comme des montagnes
    sur le noir brûlis des campagnes
    payées chair et monnaie de singe

    Puis, ça fait des bulles de rien
    qui ruinent les derniers avoirs
    et jettent les humbles espoirs
    sur le fumier des Gens Tant Biens

    La paix ? mais vous voulez ma mort !
    Que croyez-vous que je charrie
    avec, pour seule compagnie
    ces deux mules qui sentent fort...

    Allez clamer vos joies de vivre
    à vos amours neuves ou vaines
    moi, je vais, ma charrette pleine
    (sans pouvoir achever mon livre)

    Pleurez, chantez, la belle affaire
    - tant ! que ça me fait du travail,
    j'irai par les champs de bataille
    domestique ou à ciel ouvert

    Où j'ai vu - pas plus tard qu'hier,
    où j'ai vu les crocs de la terre se fermer
    sur le plus cher trésor et le vilain charnier

    Jeanne_sur_le_muletier.jpg

    Illustration ci-dessus : Adrien de Witte, Jeanne sur le muletier, 1882.

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour une 100ème contribution aux Impromptus Littéraires
    pour lesquels je lève ces vers :
    "Je me réjouis d'avoir atteint cette altitude
     preuve que je vous tiens pour plaisante habitude"

  • Autrement juste, Jazz !

     FREDO, artiste à suivre

    Au premier battement donné sur la peau claire
    précédant l'ouragan des rythmiques torrides
    la seconde en suspens entre Eden et Enfers
    tient la salle en arrêt au-dessus d'un grand vide
    et soudain, c'est le jazz !

    Une cacophonie saisit les molécules
    et touche à l'harmonie en fin de préambule
    quand tonne le second battement isolé
    rassemblant après lui, en ordres mesurés,
    les guitares, les vents, la basse et le clavier
    libérant les esprits, les corps et les suées
    cependant que le monde est tombé en syncope
    et se découvre un don de monstre nyctalope

    Tant la nuit n'est jamais si limpide et vivace
    qu'à l'aune d'une vie trop terne (ou dégueulasse !)
    révélée par le chant qui vibrait en sourdine
    dans son ventre gavé de pauvres vitamines
    et qui lâche les gaz !

    Révolte et anarchie semblent à la portée
    d'un regard abruti dont l'œil s'est embrasé
    d'un claquement de doigt, d'un cri sans retenue
    de la hanche qui ploie sous la paume inconnue
    soudain si familière
    que la rage et la peine avaient crue étrangère
    et tenaient en respect, à distance du corps
    mais que l'instant présent rapproche dans l'accord
    de l'ivresse et du sens

    Energie ! Energie ! Tu nous avais manqué !
    Mais te voici entière et tu nous fait danser !
    Et c'est fête à nouveau !
    N'importe quel fardeau est léger comme un souffle !
    Tout est comme l'extase...

    J-a-z-z ! Jazz ! Jazz !
    Un évident carnage anime ton tempo
    Savant apprentissage apprivoisant les maux
    Touche-moi davantage au fond de mon caveau
    Et laisse-moi en nage au bout d'un vibrato

    Autrement juste, Jazz !

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#86.

    Illustration d'après une composition graphique de Frédô.

  • veni vidi vigny

    La lune en son mirage et prise de rougeurs
    enluminait la page écornée du levant
    simulacre de nacre au bord de l'océan

    népotique faveur accordée aux planètes
    un quartier lui manquait au profit d'Uranus
    atterré des ébats de la folle Vénus
    géant vide et meurtri jusque dans son intime
    entrelaçant des eaux les frontières sublimes
    sachant que le Chaos serait sa seule fête

    ceinturée de lueurs la lune s'émouvait
    oublieuse avanie d'une aube frêle et pâle
    usurpant des torrents un carmin de némale
    rivale sans pudeur du charme des forêts
    aux rousses canopées que le matin redore
    insigne défilé de mages canéphores
    emportant sous le vent son hommage sylvestre
    nimber du plus bel or la grand voile de mestre
    tendue sous l'horizon pour en sceller le sort

    soudain, comme un coup de semonce
    un vent
    renonce

    les nuées se tricotent
    au cou de la lune fricotent

    l'entoure
    une écharpe rouge et velours
    nébuleuse
    et couronne à rebours

    elliptique arythmie cardinale
    numérale gonophore
    fantasmagorrhe des lactoses
    luminifères
    allégophage galactophore
    mégalomane cupilifère
    métempsycose
    élucidante ravigorante
    embrasant toute l'atmosphère aimante

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un IMPROMPTU LITTERAIRE [#65]
    (basé sur un vers d'Alfred de Vigny, si, si)

    180PX-~1.JPG

    De Vigny croqué par Mérimée